La réalisation des bronzes

Mes bronzes sont réalisés par la fonderie Bodin (Pierrefitte, 93). La technique utilisée  pour la fabrication des bronzes est celle dite « de la cire perdue », que je vais vous détailler ici. Mais avant, une petite précision…

Des mains du sculpteur naît son œuvre. Or le travail ne s’arrête pas là ! En effet l’œuvre d’un artiste, qu’elle soit en argile, plâtre ou cire, peut être reproduite en bronze.  Il faut pour cela passer par plusieurs étapes, entre différentes mains et il y a certaines règles à respecter.
Il faut savoir qu’une sculpture (la pièce unique faite des mains de l’artiste) ne peut être reproduite que 8 fois et ce d’après le même moule. Au delà de 8 tirages, une oeuvre ne peux plus être considérée comme originale. Chaque tirage se verra gravé d’un numéro de 1/8 à 8/8.

Aussi, à côté de cette numérotation figurera le cachet de la fonderie et la signature de l’artiste. 4 exemplaires supplémentaires peuvent être tirés, que l’on nommera « épreuves d’artiste » et que l’on numérotera cette fois de EA I à EA IV. Ce qui fait finalement un total de 12 tirages à l’issu desquels le moule sera cassé afin d’empêcher toute reproduction.
Un certificat d’authenticité peut être délivré par l’artiste, le marchand ou la galerie qui le représente.

L’artiste dépose sa sculpture chez le fondeur. De l’élastomère est appliqué sur la sculpture de façon à prendre intégralement son emprunte. Une fois sec, il devient un matériau souple que l’on coupe en deux parties généralement symétriques et que l’on recouvre d’une bonne épaisseur de plâtre. Nous avons donc le fameux moule qui servira au maximum 12 fois.

De la cire (d’abeille ou de synthèse) est chauffée pour devenir liquide et est appliquée dans le moule en élastomère en plusieurs couches (le trop-plein est évacué). On utilise un pinceau afin de s’assurer qu’aucun détail n’échappe à la cire. Une fois refroidie, l’épaisseur de la cire reste fine et n’excède généralement pas les quelques millimètres. Cette épaisseur sera celle du bronze à la fin de sa création (pour rappel, un bronze est vide. Sinon il serait bien trop lourd !).

En séparant les deux parties du moule en élastomère, on obtient une réplique de la sculpture en cire.

La réplique de la sculpture en cire étant composée de deux parties jointes, il faut les faire fusionner parfaitement afin de n’avoir qu’un seul « objet ». De la cire chauffée est alors appliquée au niveau du plan de joint (la jonction des deux parties) à l’aide d’outils manuels. C’est aussi l’occasion de faire des retouches sur la surface de l’œuvre, qui sort généralement avec des imperfections. L’artiste lui-même peut venir participer à la retouche.

La réplique en cire est maintenant prête, on la dispose dans un baril. Il va falloir faire l’alimentation : on lui applique à la verticale une cheminée de coulée en cire et tout un réseau de « boudins » de cire qui vont relier différentes zones de la sculpture à la cheminée située plus haut (des trous sont préalablement fait sur la réplique en cire afin que ces boudins passent à travers). Quand le baril sera rempli de plâtre, le sommet de la cheminée sera le seul élément qui communiquera avec l’extérieur car tout le reste se retrouvera comme dans un sarcophage de plâtre, d’une part coulée à l’intérieur de la réplique en cire, d’autre part projetée tout autour, à l’extérieur.

On place notre baril à l’envers dans un four (avec plusieurs autres barils, les oeuvres d’autres artistes). Pendant plusieurs jours, la chaleur du four va liquéfier la cire et celle-ci s’evacuera par gravité. La chauffe permet également de rendre le plâtre réfractaire au bronze en fusion.

Les barils une fois sortis du four sont remis à l’endroit et enterrés dans une fosse. On ne laisse dépasser que leur sommets car c’est ici que, la cire ayant totalement disparue de l’intérieur des barils et laissant des espaces vides, l’entrée de la cheminée va faire office de tunnel d’entrée par lequel on verse le bronze en fusion (1180°c). À l’intérieur du baril le bronze peut donc couler par des chemins de vide. Le baril est rempli jusqu’au sommet.

Une fois refroidi, on passe au décochage : on casse le plâtre, la pièce en bronze émerge et passe au Kärcher et à la sableuse afin d’être nettoyé de ses impuretés.

À cette étape sont tronçonné les alimentations en bronze. À l’instar de la retouche sur cire, il faut maintenant retoucher le bronze, voire le polir dans le cas des pièces très lisses. On utilise pour cela tout un pannel de petits outils manuels (ciselets, burins, limes…) et électroportatifs (meuleuse, fraiseuse…) afin que le modèle soit fidèle à l’original. Les trous laissés par le passage des alimentations sont bouchés à la soudure.

Dernière étape du processus mais pas la moins complexe à maitriser, la patine est la touche finale, celle de la couleur ! Par passages successifs on appose des sels métalliques au pinceau, conjointement à la flamme du chalumeau, sur la surface du bronze. La couleur est fixée par oxydation. C’est le mélange des différents sels qui fait la variété des teintes et des aspects.

Pour en savoir plus sur la fonderie, et surtout parce-que les images parlent plus que les mots, voici un petit reportage que j’apprécie pour sa clarté !